Christophe Comentale

 

 

Annie Bascoul : mouvements d'ancolies sculptées et gravées :

entre mots et images

 

J'ai eu récemment la chance d'admirer sur le niveau supérieur d'une vitrine tout en glaces un

manuscrit orné de miniatures florales.  Le format était modeste, à peine seize centimètres sur dix.

Les textes, calligraphiés avec une patience pleine d'amour autant que d'affection étaient parsemés

de fleurs dont les tons allaient des bleus, rouges, jaunes, vers d'autres variantes de plus en plus

intenses.  L'œillet et la pervenche se partageaient l'espace des pages avec l'angorie.

 

 

Une semaine après, une magicienne, botaniste créatrice d'images et d'objets, et captivée par cette fleur, fit irruption.  Elle s'appelait Annie Bascouli. « Que pourrait-on montrer d'autre que ce qu'on voit ? Ce qui est simplement vrai et qui échappe à l'homme » avait-elle noté dans un préambule-approcheii à l'amour.  Le problème du rapport humain aux apparences ainsi posé, Annie Bascoul traduisait à partir de l'indicible et du subjectif avec un concept des plus imposants mais aussi des plus sensibles pour tout un chacun qui n'est pas dans un état d'ataraxie.

 

Sculptures et images

 

L'approche de ce thème était concrétisée par le seul choix de matériaux comme le coton, le drap, le fil, le voile, le ruban.  Très proches les uns des autres, ils focalisent la blancheur et la transparence.  Pour rythmer l'ensemble, les anges avaient été mêlés à ces atours de lumière.

L'intérêt pour ce thème va de pair vers celui de l'ancolie avec lequel il a en commun une sensibilité extrême à ce qui l'entoure.  La présentation de cette fleur est mise en situation à l'aide de composants qui, tout en se voulant discrets, légers, voire invisibles dans l'espace, sont proches de la fragilité de la plante.  Fragilité complexe, tout comme celle de la croissance de cette fleur et des proportions aériennes queue peut développer. En choisissant de côtoyer ce végétal dont la verticalité est autant ascendante que descendante, un rayonnement est pressenti, qui montre une image du monde en expansion, en rassemblement et en ascension.  C'est vers deux zones cosmiques particulières qu'est concentrée l'attention d'Annie Bascoul, celle terrestre et humaniste de la tige, cette autre, supérieure et céleste, qui entremêle à l'envi la complexité des pétales, sépales et étamines, et comme la conclusion d'un tout.